Chronique du livre Joy Fielding – Lost

« Lost », un titre qui nous évoque irrémédiablement la série éponyme qui nous a fait vibrer l’été dernier…pourtant, rien à voir dans ce roman, si ce n’est une disparition. En effet, l’héroïne, une mère au foyer divorcée, part à la recherche de sa fille Julia, jeune adulte égocentrique et obsédée par la célébrité, qui ne donne plus signe de vie aprés le passage d’une audition importante qui devait signer le début de sa carrière. On pourrait croire, à la lecture du résumé, à un thriller au dénouement final énigmatique. Nous parlerons plutôt de roman sur les relations humaines. Car c’est bien sur le lien mère-fille qu’insiste l’auteur, davantage que sur le suspens et les différents scénarios qui pourraient résulter de la disparition de Julia. C’est au combat d’une mère que l’on assiste, face à toutes les conditions extérieures (scénarios catastrophes, un ex-mari peu présent, des voisins douteux…). Une mère qui veut retrouver sa fille vivante, mais qui doit composer avec toutes les révélations de l’enquête (tant policière que personnelle) : ainsi, sa fille avait-elle vraiment une relation avec un homme marié ? Qui était-elle ? Qui fréquentait-elle ?

Ces questions, le lecteur se les pose également tout le long du roman, dont le dénouement final ne se trouve que dans les dernières pages. voilà donc ce que l’on peut appeler un roman bien construit !

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références
Joy Fielding - Lost
Robert Laffont collection Best-sellers 20 €, février 2006 342pages.

Henri Brunel : Les plus beaux contes zen

Un conte est un conte. Il y faut un peu de rêve, un peu de cruauté, beaucoup de morale, quelques beaux princes et d’accortes bergères qui se marient et ont beaucoup d’enfants.

Tout cela est présent ici et a, évidemment, un petit air de déjà lu… mais caresse toujours notre reste d’enfance dans le sens du poil.

Ce qui fait l’originalité de ce recueil est d’une part une pincée d’orient et d’autre part un filet de zen qui, comme chacun sait, est une voie supposée rapide vers l’illumination bouddhique. Le zen est d’origine chinoise mais est surtout pratiqué au Japon. Un peu comme La guérison par les chakras est Indou d’origine…

 Orient, oui mais si proche de nous qu’il n’apparaît souvent que comme un vernis et en tous cas jamais comme un obstacle à la lecture. Pour reprendre une remarque déjà faite dans la fiche de « Botchan », cette lecture nous rappelle combien nos préoccupations, et ici nos rêves, sont communs à tous les hommes, que nous soyons des « petits blancs » chrétiens ou des asiatiques « jaunes » et zen. Ne nous laissons pas trop abuser par ceux qui prétendent le contraire.

Et zen, alors ? A part quelques contes délibérément dépourvus de conclusion logique (cela nous conduit à l’illumination, n’est ce pas ?) et donc franchement zen, la très grande majorité est bien classique, bien morale, bien proche de la convention de l’espèce, ce qui n’en diminue pas la saveur.

Saluons au passage la très belle facture de ce livre et ses superbes illustrations qui à elles seules nous dépaysent souvent plus que les textes.

Une très agréable et reposante lecture.

Editions calmann-lévy (2002)

Avis sur Dieu Jr. de Dennis Cooper

« C’est le seul écrivain hors-la-loi dans la littérature américaine mainstream ». C’est en ces termes que Bret Easton Ellis définit Dennis Cooper, auteur de ‘Dieu Jr.’ Le ton est donné, Cooper n’est pas là pour rire, ni pour plaire. Et ‘Dieu Jr.’ le prouve. Cooper nous y conte la rédemption de Jim qui, sous l’emprise de la drogue, a accidentellement tué Tommy, son fils, dans un accident de voiture. Histoire de perte d’un proche, de perte de soi, ‘Dieu Jr.’ souffre-t-il d’une traduction approximative ou trop littérale ? L’imperméabilité de Cooper est-elle une marque de fabrique ? Le résultat est troublant. On s’accroche à cette chronique sombre et funeste qui nous échappe.


Le texte regorge de symboles – notamment lorsque le père décide de retrouver son fils mort lors d’une ultime partie de jeu vidéo, celui-là même qui accaparait l’adolescent. On pense à ‘Matrix’, ‘Vidéodrome’ ou encore ‘eXistenZ‘… La frontière entre réalité et fiction, obscurité et lumière, candeur et lucidité se brouille. Le lecteur est déstabilisé.

Et si l’on retrouve dans ces pages les thèmes de prédilection de l’auteur américain : les dysfonctionnements de la société américaine, l’adolescence, la drogue, la mort : on se demande souvent dans quelle mesure nous sommes témoins d’un exercice de style ou d’une véritable expérience littéraire. De quoi nous laisser bien perplexe ou totalement magnétisé.

Avis sur le livre d’Hermann Hesse : Musique – FIN

Je ne souscris cependant pas à sa (fausse ?) naïveté de penser que tout être dispose de tous les dons nécessaires à l’appréciation de la musique, ni que cette appréciation puisse se faire de façon pleine, d’instinct. La musique est au contraire, comme beaucoup d’activités humaines mais plus que d’autres, une discipline où le travail de culture paye. Écouter cent fois, revenir, comparer, lire, prendre un avis et réécouter. Un goût musical se forme par l’expérience et s’affine. La culture est alors une ouverture et un moyen de bâtir des correspondances et nul ne le sait mieux que Hesse. Sans doute le souffle romantique est-il encore trop fort ? Ou l’influence dionysienne de Nietzsche excessive ? On croit rêver en entendant Hesse, si intellectuel, récuser l’apport de l’intelligence dans notre préhension des composants du monde, ici de la musique.

Qu’il confine aussi l’interprète à « …la reproduction la plus exacte et la plus complète possible de ce qui est écrit dans la partition » (p. 105) est une vieille manie héritée du 19ème siècle et heureusement oubliée de nos jours, après la redécouverte de la musique des 17 et 18ème siècles où, à l’évidence, la part de l’interprète est essentielle.

Il n’en reste pas moins que la sensibilité de Hesse est celle d’un véritable et profond amateur et qu’il nous guide dans ses écrits à travers cet univers si beau et si fort de la musique, qu’il nous convie à pénétrer avec notre cœur. Ce qui ne l’empêche pas aussi de juger quand, par exemple, il rejette Wagner en nous rappelant en 1934 quelques textes chinois « …plus la musique devient bruyante, plus les hommes deviennent mélancoliques, plus le pays est en danger... » (p.87). Prémonitoire ?

Avis sur le livre d’Hermann Hesse : Musique

Ce livre écrit en 1976 rassemble des textes de Hermann Hesse ayant en commun un sujet essentiel pour l’auteur, la musique. Presque tout est dit sur l’approche de HH dans cette phrase :

« C’est le secret de la musique qu’elle n’exige que notre âme, mais qu’elle la veuille tout entière. Elle ne demande ni intelligence, ni culture ; par delà toutes les langues, toutes les sciences, sous des formes ambivalentes mais évidentes en dernière analyse, elle représente l’âme de l’homme. »

Rejet évident de la musique-savoir, confiance (excessive ?) dans l’instinct de l’homme brut. Y croit-il lui même, lui si cultivé, si éduqué par sa passion du concert ? HH il est vrai, approche la musique par le cœur, non par la tête car justement il sait qu’elle exprime ce que les mots cessent de dire. Les phrases qu’il emploie sont souvent des cris d’amour, d’extase presque : « Que serait notre vie sans la musique… ». Et son livre « Le jeu des perles de verre », est une longue méditation sur le pouvoir de la musique de représenter l’ordre caché du monde.

Il touche juste aussi quand il dit : « Comme la danse et comme tout exercice artistique, la musique a été dans les temps préhistoriques un art magique, un des vieux et légitimes moyens de la magie » (p. 88). Tenter de faire sentir ce qui ne s’exprime pas par des paroles pour, peut-être, agir sur lui…

Avis sur les livres d’Hubert Monteilhet

Peu avant son quatre vingtième anniversaire, Hubert Monteilhet nous offre en même temps un inédit, AU VENT DU BOULET, roman des temps napoléoniens, et la réédition de cinq ouvrages sous le titre de ROMANS CRIMINELS.

En quarante huit ans, Hubert Monteilhet a publié quarante cinq livres, romans policiers et historiques, ouvrages consacrés à son cheminement spirituel l’ayant amené au catholicisme traditionaliste sans oublier des scénarios et adaptations télévisées.

LE VENT DU BOULET nous entraîne sur les pas du vicomte Pierre-Marie d’ Ablis, un des nombreux batards de Louis XV.  A la révolution, il émigre avec le comte d’ Artois, futur Charles X. Les évènements vont l’amener à regagner Paris où il va collaborer avec l’usurpateur qui n’est encore à ce moment que premier consul. Le mirage napoléonien entraînant la disparition de centaines de milliers de soldats et de millions de civils à travers l’ Europe va se dérouler sous les yeux du vicomte qui est devenu baron d’ Empire. Batailles, duel fratricide, intrigues politiques vont se succéder. Ayant eu accès à des travaux récents, Hubert Monteilhet colle au  plus   près   à l’ Histoire et évoque même une possible batardise du corse.

Un roman historique à découvrir !

Avec ROMANS CRIMINELS, nous revenons aux premières amours de l’écrivain, les histoires policières souvent machiavéliques, toujours inattendues. Parmi les cinq textes composant ce recueil, le premier roman d’Hubert Monteilhet, LES MANTES RELIGIEUSES qui obtint le Grand Prix de littérature policière en 1960. Ne ratez surtout pas LE RETOUR DES CENDRES, étonnante histoire de sosies composés en fait d’une seule personne. D’une plume remarquable, Hubert Monteilhet sait captiver le lecteur qu’il manie comme le chat joue avec la souris. Deux ouvrages à lire et relire !

AU VENT DU BOULET roman des temps napoléoniens d’Hubert Monteilhet Editions de Fallois  258 pages  20 €

ROMANS CRIMINELS d’Hubert Monteilhet  Omnibus 812 pages 26 €

 

 

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